Jour 1: il pleut il vente on a du mal à quitter le confort
domestique de mon appartement (si si) du coup on choisit de reporter
notre départ d'un jour.
adaptation et flexibilité sont les maîtres mots de ce périple. on souhaite tout de même faire une sortie, quelques ronds dans l'eau, pour calmer notre frustration et aiguiser notre excitation du départ.
tout une équipe d'amis est présente au départ tout le monde s'affaire donne un coup de main questionne on n'a que peu de réponses en fait et finalement on rentre au chaud en attendant le soleil et l'accalmie du vent du sud.
Petite bouffe chez Jérôme pour prolonger un petit peu ce moment puis l'attente... on savait pas que même avant de partir en bivouac, il fallait... l'attente :-)
adaptation et flexibilité sont les maîtres mots de ce périple. on souhaite tout de même faire une sortie, quelques ronds dans l'eau, pour calmer notre frustration et aiguiser notre excitation du départ.
tout une équipe d'amis est présente au départ tout le monde s'affaire donne un coup de main questionne on n'a que peu de réponses en fait et finalement on rentre au chaud en attendant le soleil et l'accalmie du vent du sud.
Petite bouffe chez Jérôme pour prolonger un petit peu ce moment puis l'attente... on savait pas que même avant de partir en bivouac, il fallait... l'attente :-)
Jour 2: le soleil est là! on arrive! direction bassin de joutes à Vernaisons. encore les amis pour nous aider à mettre à l'eau... pour de vrai cette fois-ci. nous voilà partis, go!
Un dernier regard vers nous amis testés sur la berge..un vieil homme qui nous a regardé partir ne comprenant pas vraiment ce que l'on allait faire a dit ensuite «c'est bien de faire des choses comme cela, car le temps passe tellement vite qu'un jour on est devenu vieux et on ne se souvient de rien...»
on a donc fini par lever l'ancre à 10h10. on avance vite, on passe rapidement le premier barrage écluse de Vaugris. il y a de l'eau mais ça va on gère. le bateau est stable, rigide. le courant fort nous pousse sans nous faire giter. on prend les premières leçons de conduite en eau vive. on sent le courant on se parle on réagit on anticipe on accélère dans le bouillon pour ne pas perdre le contrôle. c'est le plus important, garder de la vitesse par rapport au courant lui-même déjà fort pour être réactif dans nos manœuvres.premier porto grisse donc c'est lourd mais non mais vraiment lourd 5 l dos des sacs bourrés de vivre et que cætera avec ton besoin de miser sur une telle autonomie? peut-être pas.
remise à l'eau pépère enfin j'écris ça J +5 et j'ai l'impression que c'était il y a trois semaines.
le soir vers 7h nous faisons escale à Sablons, profitant d'un portage après 50 km de navigation pour faire une pause. le moral est bon les muscles et epaules endolori. on a bien ramé peut-être trop pour un premier jour.
Il vente et il pleut on s'abrite derrière un hangar du club nautique du coin -offrant même un WC public- et on plante la tente dans un verger détrempé juste à côté. l'eau continue de monter, la vague de crue descend vers nous, c'est évident. les débits d'inforhône ne cessent d'augmenter ils doublent en fait. on continue!
Julien constate que le bivouac et plus particulièrement le fait de se glisser tout poisseux dans un sac de couchage humide lui-même encastré dans une tente tunnel à peine plus grande Rhône bien ça lui fait beaucoup de changements d'un coup... plus qu'à moi, plus habitué au bivouac.
Jour 3: nous quittons Sablons. on termine le portage. Le seuil de Peyraud est impressionnant.on se dit qu'on a bien fait de ne pas suivre les conseils du gars du club nautique un énervé pour qui la France est devenue un pays hyper casse-couille avec son principe de précaution et le respect de l'environnement. Plus possible d'aller faire de la barque dans le Rhône au niveau de l'île de la Plattière -réserve naturelle- tout ça pour protéger trois canards et une soi-disant loutre. Nous croisons également Denis et sa femme avait été un retraité de la CNR il nous apprend que ca y est ce matin des alertes RNPC sont tombées.. il n'y avait encore rien sur un inforhone ni vigicrues la veille au soir.n'avions pas consulter ce matin erreur nous remettons donc à l'eau vers 11h45.. trop long la logistique bivouac nous prend trop de temps il faudra optimiser.
Nous apprenons à naviguer ensemble c'est comme sur un tandem mais en plus complexe il faut communiquer vite clairement et avoir le même vocabulaire. Julien est assis à l'avant il repère les obstacles les remous «couscous» les OFNI c'est lui qui donne la direction à prendre et moi qui exécute, je suis le gouvernail. Nous apprenons à gérer nos efforts. On rame en cadence le courant nous pousse on reste droit face au vent du sud souvent présent. On apprend vite à ne pas s'approcher des piles de point dont les remous en aval sont puissants. on regarde souvent derrière nous, des péniches, rares, arrivent vite... pour elle aussi ça pousse.
Nous passons devant Andance Tournon Tain-l'Hermitage... on est tout seul sur l'eau les gens nous regardent passer on pense à ce qu'ils se disent en nous voyant: «regardez moi ces deux cons» «des suicidaires»... ils n'ont pas tort d'autant plus que vu de la berge ce doit être encore plus impressionnant. sur l'eau on avance déjà à la vitesse du fleuve donc tout nous paraît relativement plus lent sauf les berges inondées qui défilent à vive allure. Les arbres sont engloutis par les eaux du fleuve parfois jusqu'aux premières branches on accède aux nids, ce soir omelette au menu :-)
On alterne entre vieux Rhône sauvage dont le lit déborde sur les berges et le Rhône canalisé Pour la circulation des plaisanciers et des bateaux de commerce. nous accélérons sur ces troncs communs, moins beaux. On croise Tournon Andance etc.. lors de notre première mise à l'eau en aval du barrage d'Arras, Martin et ses deux amis pêcheurs de silure nous aident nous conseillent et nous filment. nous nous arrêtons à Roche de Glun sur les bons conseils de Martin qui nous rejoint à l'apéro avec des bières fraîches.. très sympa! bivouac paisible, toilette dans un ruisseau affluent, frais, très frais à la frontale
Julien est un cow-boy! chapeau bas le voilà en mode bivouac à 100 % ... On sent que la tension monte néanmoins... les portages deviennent plus longs et les embarquement/débarquement plus dangereux... plus on descend plus les barrages sont déchaînés, Le débit augmente de nouvelles rivières viennent déverser leurs eaux dans le Furieux...
Jour 4 :ca y est, vigicrues marque en jaune la section du Rhône où nous sommes. On appelle VNF et SNSR pour avoir des infos la personne au téléphone ne comprend pas quand on lui demande si le secteur est en RNPC... du coup on décide d'y aller quand même, vigilants. On gère parfaitement l'entrée par une Lône calme. le niveau est à environ 3m au dessus du niveau habituel!
Quelques principes de la navigation acquis sur place: anticiper le «couscous» en surveillant à l'avant du canoë, accélérer aux abords des «ronds de sorcière» sorte de résurgence puissante qui surgit de nulle part, verticalement elle fait inexorablement dévier le bateau. ne pas lutter mais ne pas se laisser faire non plus pour ne pas être mis en travers du courant. une péniche «Bella» nous surprend par derrière elle fonce elle ne nous a peut-être pas vu.
soudain un «trou noir» sorte d'affaissement brutal du niveau du fleuve sur une cinquantaine de mètres carré créant une dépression des bouillons et d'énormes tourbillons. on dégage! c'est le mot d'ordre.
les panneaux de signalisation sont clairs et nous servent vraiment sauf ceux indiquant les haut fonds. les sorties canoë sont bien indiquées, en appui du tableau de synthèse trouvé sur osavoile.fr
cette journée nous épuise non pas physiquement (37 km en trois heures de navigation) mais psychologiquement... beaucoup de déchets, du bois flottant, des troncs qu'il faut éviter... on craint la crevaison, 500m d'eau glacée de part et d'autre du canoë... on doit traverser le flot de détritus pour rejoindre une rampe de sortie à Charmes sur Rhône... on récupère Wilson au passage.
En amont du barrage c'est la décrue les vannes sont tellement ouvertes à fond que la dépression crée une décrue de 2m sur 1km en amont du barrage. On ne s'y attendaot pas. Du coup on n'accède plus à la rampe et il faut accoster sur d'épais bancs de vase. Traverser pieds nus ou en sandales? choix difficile
notre dernier coup de rame, puis accoster sur un ponton de chantier aidé par un homme sympathique et son annexe. le bateau de chantier s'appelait le «Méditerranée», no comment.
on s'alimentait peu pendant l'effort un petit-déj' au pitch le matin et on dînait une fois le bivouac installé vers 7h le soir... toujours le même rituel: apéro, étirements, bouffe lyophilisée et saucisson
Le temps passe vite on est bien tous les deux, mais notre principale préoccupation devient «est ce accessible? est-ce dangereux?» l'eau est super froide (8° d'après la rapidité du rafraîchissement des bières) on n'a pas droit à l'erreur on ne s'amuse plus, la peur prend le dessus... je ne le sens plus.. tout le monde me dit «stop» eh bien on stoppe!
dernier bivouac à Le Pouzin, concert de grenouilles au crépuscule, on recharge nos téléphones chez un sympathique voisin Ch'ti, juste ce qu'il faut pour gérer le rapatriement et la transformation de notre périple
Jour 5 : dernier petit dej, on dit au revoir au Furieux... c'est lui qui gagne!
Gilles notre théâtreux sauveteur de Montélimar vient à la rescousse et nous dépose à la gare du Teil. Nous voilà dans un TER pour Agde, c'est presque trop facile... Flexibilité! Jacques, un voisin qui a les clés, nous récupère même à la gare et nous facilite ainsi notre séjour agathois... au bord de la... Méditerranée :-)
«Rester en vie, c'est réussir son aventure» disait l'ami Jean-Philippe!
Envoyé depuis mon annexe cérébrale...